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La hernie inguinale : quelle prise en charge ?

Publié le 25 juillet 2018

La hernie inguinale : quelle prise en charge ?

La région inguinale est une région anatomique complexe qui présente deux aspects particuliers.
C’est une région « frontière », caractérisée par :
- d’une part, la présence de structures qui passent de l’abdomen à la cuisse (muscles, vaisseaux sanguins et nerfs) ou aux testicules ;
- d’autre part, la présence de viscères qui doivent rester dans la cavité abdominale.
Le rôle de l’aine est donc de « laisser passer » des éléments tout en jouant un rôle de maintien des viscères. Cette caractéristique contradictoire est à l’origine de la fragilité et de la faiblesse de cette région, entraînant alors des déhiscences de la paroi abdominale, appelée « Hernie inguinale ».

Quelles sont les personnes concernées par cette pathologie ? Il y a-t-il des facteurs favorisants ?

La hernie inguinale est une pathologie essentiellement masculine. En effet, les spermatozoïdes ne supportant pas les températures proches de 37°C (celles du corps humain), les organes génitaux de l’homme se positionnent à l’extérieur de la cavité abdominale.
Or, les éléments qui vont ou viennent des testicules passent par l’orifice inguinal, zone de faiblesse subissant de nombreuses tensions. L’élargissement de ce canal ou son affaiblissement entraîne alors le passage de viscères (intestins) à travers cet orifice.
Les facteurs favorisants sont toutes les causes d’hyperpression abdominale, à savoir, le port de charges lourdes, la toux chronique, la constipation, le surpoids ou encore la difficulté à uriner pour certaines personnes.
Les femmes présentant des hernies à ce niveau sont souvent sujettes à des hernies crurales, proches des vaisseaux fémoraux.

Comment en faire le diagnostic ? Quels sont les risques sans traitement ?

Une hernie se manifeste très souvent par l’apparition d’une tuméfaction indolore au niveau de l’aine. Elle s’accompagne parfois d’une gêne ou d’une douleur. Chez les sportifs, elle peut également être associée à une pubalgie.
Le risque majeur est l’étranglement de l’intestin engagé dans l’orifice inguinal ou crural. Il s’agit alors d’une occlusion, qui devient une urgence chirurgicale.

Quel traitement proposer ? La chirurgie est-elle obligatoire ?

Le traitement chirurgical est le seul traitement efficace. Les ceintures de contention ou les orthèses herniaires proposées soulagent la gêne mais n’empêchent ni la hernie d’augmenter de taille, ni l’étranglement.
La chirurgie est recommandée dans les hernies inguinales dites « symptomatiques », c’est à dire entraînant une gêne ou une douleur. Les hernies inguinales totalement asymptomatiques peuvent faire l’objet d’une simple surveillance.
En revanche, les hernies crurales sont beaucoup plus exposées au risque d’étranglement (35 %) et doivent être opérées lorsqu’elles sont décelées.

Quelle chirurgie ?

Il existe plusieurs techniques pour traiter les hernies inguinales. Cela dépend essentiellement des antécédents du patient et parfois de son morphotype. Cette chirurgie peut être réalisée par « cœlioscopie », c’est à dire par technique chirurgicale mini-invasive ; ou par « laparotomie », c’est à dire par chirurgie ouverte. La technique de référence aujourd’hui préconise la mise en place d’un renfort prothétique non résorbable. Il existe d’autres techniques sans mise en place de matériel.
La chirurgie de la hernie, par cœlioscopie ou par laparotomie, est très souvent réalisée en ambulatoire. Ce mode de prise en charge permet de raccourcir votre hospitalisation à une seule journée. Le patient rentre le matin pour être opéré le jour même et ressort le soir de l’intervention.

Quelles complications ?

Les « complications » habituelles sans gravité sont principalement les hématomes post opératoire, une gêne ou douleur décrite au niveau du site opéré pendant 2 à 3 semaines, et des séromes (chez les patients ayant une hernie de taille importante) entrainant l’apparition d’une tuméfaction en post-opératoire qui disparaît - très souvent - spontanément.
D’autres complications telles que la récidive, l’infection du matériel mis en place, les douleurs chroniques et les troubles génito-urinaires possibles mais rares.

Quelles suites après l’intervention ?

Le patient sort le jour même de son intervention et revoit le chirurgien dans le mois suivant son opération. Tous symptômes inhabituels tels que la fièvre, des douleurs intenses, un écoulement ou une rougeur doivent être signalés au chirurgien.
L’arrêt de travail varie souvent entre 2 et 4 semaines, principalement en fonction de l’activité professionnelle du patient. Il est conseillé de ne pas porter de charges lourdes, ni de faire d’activité sportive pendant 4 semaines. Il est également très fortement recommandé de ne pas se baigner pendant 3 à 4 semaines.

Docteur Anaëlle DAVID
Chirurgien Digestif - Clinique Mutualiste de Pessac